ECHOS DU BURKINA
BULLETIN BURKINA - NOVEMBRE 2013
Mis en ligne le 01/12/2013
Fin d’un séjour de deux semaines à Ouahigouya et beaucoup à vous raconter. La situation est calme au Yatenga, où cependant les touristes de passage ont disparu, les échanges commerciaux avec le Mali proche n’ont pas repris et les récoltes sont mauvaises à cause de pluies trop tardives.
Comme d’habitude, l’accueil a partout été chaleureux, mais, qui plus est, même si de nombreuses difficultés subsistent, j’ai le sentiment que la confiance s’est établie et que les progrès sont tangibles.
RESUME ET RECOMMANDATIONS :
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Vous avez soutenu nos actions en 2013 avec des dons pour un montant total de 10.721€, dont 9871€ déjà encaissés. Vous trouverez un état détaillé de leur utilisation à la fin de ce bulletin. N’hésitez pas à me poser toutes les questions qu’il susciterait.
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En 2014, nous souhaitons aider le Centre pédiatrique Persis du Dr Zala pour la mise à niveau de son adduction d’eau. Ce programme dépassera nos capacités de financement et nécessitera de faire appel à des subventions et au mécénat d’entreprise.
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La campagne de l’AFBO contre la malnutrition infantile et d’éducation des jeunes mères, que nous soutenons avec 6,1€ par enfant et par an, doit être amplifiée et prolongée pour en pérenniser les remarquables résultats. Nous avons pour cela besoin de votre aide renforcée afin de prévenir durablement l’horreur de la malnutrition et du NOMA.
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Année de consolidation à Ipo, avec la mise en place d’un système d’irrigation s’appuyant sur les deux puits que nous avons financés, la fourniture d’outillage de jardin et l’installation d’un système de warrantage dont nous financerons la formation et le suivi de départ.
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Aide à l’atelier de tissage et teinture pour la diffusion de ses productions.
Vous trouverez ci-après le détail de nos réalisations et de nos projets pour 2014.
Pour que nous puissions une nouvelle fois les mener à bien, merci de m’adresser vos dons qui seront intégralement utilisés dans nos actions de terrain et vous donneront droit à un crédit d’impôt égal aux 2/3 de leurs montants. Les chèques sont à établir à l’ordre de Tabalé qui vous adressera le reçu fiscal.
IPO :
Nous avons maintenant un groupe d’interlocuteurs avec lequel nous avons pu discuter pour la première fois sans interprète. Ils représentent les forces vives du village. La confiance est établie, les questions sont plus spontanées, il nous reste à améliorer le contact avec les femmes qui participent peu aux discussions.
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Les deux puits de grand diamètre sont terminés. Le budget a été dépassé de 505€, soit 8,7%, ce qui est acceptable sur des devis très raisonnables, d’autant plus que l’essentiel est dû à notre mode de règlement en 3 fois, qui a provoqué des ruptures de trésorerie, des retards et des transports supplémentaires. Nous devons une fois pour toutes régler d’avance et contrôler ensuite l’utilisation des fonds.
On est passé ainsi de la remontée d’eau boueuse des puits traditionnels dans un morceau de chambre à air, à des seaux remontés à l’aide d’une poulie pour remplir un réservoir tampon.
Deux volontaires (Mady et Ousmane) ont accepté que leurs parcelles de maraîchage servent de test et de vitrine pour l’irrigation en goutte à goutte. Après que Roger ait montré comment installer les deux premières lignes, un large groupe de villageois et villageoises a participé à l’équipement des parcelles, sur une surface totale de 600m2.
Ce test est critique : si les résultats sont bons, le goutte à goutte sera étendu à l’ensemble des cultures qui en relèvent : tomates, aubergines, etc… Pour les oignons, choux, carottes, on continuera à utiliser l’arrosoir, mais avec de l’eau claire.
De cette évolution dépendra le fonçage de nouveaux puits, pas avant 2015.
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La récolte des céréales étant terminée, une grande partie du village, hommes et femmes, va se mettre au maraîchage dans les prochains jours. Nous avons fourni un premier stock de produits phytosanitaires . L’outillage disponible est très sommaire et sera complété par l’achat de râteaux, pelles et pioches.
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La banque alimentaire est toujours bien gérée, l’apport de départ, 2.700€, toujours disponible. Le conseil du village a décidé de consacrer la moitié de cette somme pour la mise en place d’un warrantage, technique qui a fait la preuve de son efficacité pour assurer une avance de trésorerie aux petits producteurs et prévenir les ruptures alimentaires.
La plupart des petits producteurs manquent totalement de trésorerie. Ils doivent donc vendre leurs récoltes au plus tôt, lorsque les prix du marché sont au plus bas. Le warrantage leur permet d’emprunter en gageant tout ou partie de leur récolte, d’utiliser au mieux cet argent, qu’ils rembourseront quelques mois plus tard, pour récupérer la récolte gagée et la vendre lorsque les cours auront monté.
Le système sera géré et contrôlé par un comité de villageois élus, qui nous adressera une situation trimestrielle.
Nous allons soutenir ce projet qui doit s’auto financer, en prenant en charge la formation de départ et le suivi des premiers pas, soit un investissement de 1000€.
CENTRE PERSIS :
J’ai évoqué à plusieurs reprises ce centre Pédiatrique, créé voici une dizaine d’années par le Dr Zala avec le support d’associations suisses, belges, françaises et italiennes, qui fait l’unanimité pour la qualité des soins prodigués et la manière dont il est tenu, exceptionnelle en Afrique sub-saharienne.
Le centre Persis inclut notamment une structure d’accueil pour les enfants sévèrement dénutris en situation d’urgence et un département qui rend en charge les enfants atteints du NOMA. J’ai découvert cette maladie peu médiatisée, particulièrement horrible et révoltante. L’attaque est foudroyante, les enfants victimes du NOMA vont, en 13 jours, perdre une joue ou leur nez et se retrouver terriblement défigurés et, qui plus est, considérés comme maudits. Cette saloperie ne touche que les enfants dénutris; on pourrait donc aisément l’éradiquer en luttant largement et efficacement contre la malnutrition.
Depuis son ouverture, le centre a grandi (on y a joint un bloc opératoire, prochainement suivi par une maternité), les malades et leurs accompagnants se sont multipliés et le système d’adduction d’eau est devenu insuffisant. Une étude approfondie des moyens à mettre en œuvre pour y remédier est en cours. Le budget dépassera probablement nos possibilités ; nous nous efforcerons de le compléter par des subventions et un mécénat d’entreprise.
Contrairement au projet d’origine, nous allons nous concentrer exclusivement sur la fourniture d’eau du Centre Médical. Le projet de maraîchage contigu, jugé trop coûteux, a été abandonné au profit d’un jardin d’agrément pour les malades et leurs accompagnants.
AFBO :
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Malnutrition : Nous avons accompagné les animatrices dans les villages de la campagne 2013/2014 et dans certains villages de la campagne précédente où un suivi est assuré pour la première fois.
80 enfants assis sur des nattes attendent sagement tandis que leurs mamans écoutent les recommandations des animatrices, qui ont mis l’accent cette année sur l’espacement des naissances grâce au planning familial et à la contraception. Aucun d’entre eux ne se plaindra jusqu’au moment où il reçoit son bol de bouillie qu’il mange soigneusement à l’aide d’une louche en plastique grande comme la moitié de son visage. Ce spectacle est une vraie récompense, renouvelée dans chaque village, même si nous savons que quelques enfants dénutris sont encore cachés dans les maisons, que des jeunes mères restent encore terrées chez elles et envoient leurs enfants chercher la bouillie et que la situation va de nouveau se détériorer après les deux années de présence de l’AFBO.
Les résultats remarquables obtenus avec un investissement modique (6,1€ par enfant et par an) nous incitent à amplifier cette action et à chercher à pérenniser les progrès enregistrés.
Une solution serait d’assurer une présence plus longue dans les villages, afin de sensibiliser plusieurs générations de jeunes mères.
Plusieurs approches ont été évoquées avec les responsables de l’AFBO:
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augmenter progressivement le nombre de villages et y rester dix ans
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faire un test de 5 ans dans quelques villages
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sensibiliser plus largement la population en réunissant une fois par mois l’ensemble des femmes, même celles qui n’ont pas d’enfant en sevrage
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tenir un registre de suivi nominatif afin de repérer les éventuelles familles à risque qui feraient ensuite l’objet d’une action spécifique
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travailler en coordination avec les autres associations actives dans ce domaine.
Toutes ces formules peuvent bien sûr être menées de front et leurs résultats comparés. Un plan d’action va être retenu avant la fin de cette année. Nous aurons besoin de votre support renforcé, parlez-en d’ores et déjà autour de vous.
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Tissage et teinture : La situation de l’atelier s’améliore avec une équipe restreinte à 4 personnes plus motivées. Plusieurs problèmes majeurs restent cependant à résoudre.
L’encadrement est renforcé sous l’autorité directe de Fatoumata qui a révélé sa compétence technique dans le domaine du tissage.
Sougouri passera des commandes pour assurer une charge de travail régulière. Il se chargera du contrôle de qualité et de la fixation des prix.
Tabalé va, à titre de dépannage, s’efforcer d’écouler une partie de la production en 2014.
Je vais aider Sougouri à développer un marché en dehors des circuits traditionnels de l’artisanat africain et à trouver un partenaire commercial.
INSTALLATION DU GOUTTE A GOUTTE A IPPO
Ce Mardi vers 7 heures, une trentaine de femmes et d’hommes repiquent des plants de tomates le long des lignes d’irrigation en goutte à goutte qu’ils viennent d’installer seuls, après que Roger leur ait montré comment faire sur les deux premiers rangs. L’eau claire, tirée la veille du nouveau puits dans deux grands seaux pour remplir le bassin, a coulé doucement toute la nuit pour préparer la terre. Hier encore, on remplissait les arrosoirs d’une eau boueuse remontée dans un morceau de chambre à air recousue.
Quatre-vingts enfants agitent tranquillement leur bol de bouillie pour qu’elle refroidisse, puis s’en régalent d’une louche en plastique grande comme la moitié de leur visage, en prenant soin à chaque fois d’essuyer d’un geste élégant la louche sur le bord du bol pour ne pas en perdre. Au début de cette année, la majorité d’entre eux étaient gravement dénutris. Depuis, chaque semaine, leurs mamans apprennent les règles d’hygiène, la possibilité de contrôler les naissances, la prévention des maladies
LUTTE CONTRE LA MALNUTRITION
REMERCIEMENTS
Merci à vous tous pour ces moments de grande joie que je dois à votre soutien.
Nous avons la chance de travailler avec des Burkinabés remarquables, personnalités très différentes qui ont en commun un investissement personnel très fort pour le développement de leur pays, de vraiment belles personnes: le Dr Zala et sa femme Aïssata, Sougouri Sawadogo le tisserand teinturier, Roger Kaboré le technicien en hydrologie, Issiaka Sawadogo le coordinateur, Madi, Ali et Ousmane à Ipo, les femmes de l’AFBO qui se battent depuis près de 40 ans.
Bien sûr, il reste beaucoup à faire, d’autres puits à creuser, des terres à irriguer. Bien sûr, nous n’ignorons pas que des enfants dénutris sont encore cachés dans les maisons, que des jeunes mères restent terrées chez elles et envoient leurs enfants chercher la bouillie, que la situation va de nouveau se détériorer après les deux années de présence des animatrices de l’AFBO.
Vous connaissez la fable de Pierre Rabhi : Un jour, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux atterrés assistaient impuissants au désastre. Seul un petit colibri s’activait, allant chercher dans son bec quelques gouttes à la rivière pour les jeter sur le feu. Les autres lui dirent, moqueurs : - tu crois que c’est avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ? - non, mais je fais ma part.
Nous les aidons juste à faire leur part.
DOCTEUR ZALA
ANIMATRICE MALNUTRITION
ALI
MADI
FATOUMATA
SOUGOURI SAWADOGO
Le tisserand teinturier
AMITIES A TOUS
JEAN-CLAUDE VIODE
NOUVEAU PUITS
ANCIEN PUITS
Chers amis,
Beaucoup de bonnes nouvelles en ce début d’année :
Les tissus d’ameublement et de décoration créés par Sougouri ont été présentés par Marianne Oudin au salon Déco Off de Paris. Ils y ont reçu un excellent accueil des professionnels, suivi d’une première commande. Ils seront fabriqués par l’atelier dont nous avons financé la formation à l’AFBO (Association des Femmes Burkinabé de Ouahigouya).
L’atelier produit désormais, en plus des mogarés traditionnels, une gamme d’accessoires, sacs à dos, sacs de plage et besaces, en coton et teintures naturelles d’une qualité exceptionnelle, que vous pouvez nous commander pour 30€ pièce.
L’atelier de teinture et tissage, qui a déjà permis à quelques jeunes d’apprendre et d’exercer un métier qualifié, devrait bientôt apporter à l’AFBO une source de revenus lui donnant une certaine indépendance financière.
L’action contre la malnutrition et pour l’éducation des jeunes mères se poursuit avec succès dans les cinq villages de la campagne actuelle, tandis qu’un suivi est assuré dans quatre des villages de la campagne précédente par la fourniture des ingrédients pour les bouillies et une visite mensuelle des animatrices. Les résultats sont toujours aussi spectaculaires. Cependant, comme je vous l’avais annoncé dans notre bulletin précédent, nous allons nous efforcer de les pérenniser en permettant aux femmes de l’AFBO d’étendre progressivement leur action aux 30 villages de l’agglomération pour y assurer une présence suivie des animatrices durant une dizaine d’années.
Le budget, 2800€ en 2014 entièrement couvert par vos dons, atteindra un pic de 17000€ en 2019. La différence devra être trouvée pour l’essentiel dans le mécénat d’entreprise. Nous avons déjà obtenu un engagement du Crédit Mutuel des Chartreux à Marseille pour une contribution de 1500€ par an durant les dix prochaines années.
Ce résultat est très encourageant, mais il nous reste beaucoup à faire et je compte sur vous tous pour contacter des entreprises autour de vous. N’oubliez pas que nous protégeons chaque enfant de la malnutrition et du NOMA pour seulement 6,1€ par an !
A Ipo, l’irrigation en goutte à goutte fonctionne et notre ami Robert Bourne a été impressionné par le maraîchage lors de sa récente visite. Deux filtres sont en cours d’installation pour améliorer encore la qualité de l’eau. La formation au warrantage sera menée durant le prochain hivernage pour lancer l’opération avec la récolte d’octobre.
Enfin, notre ami ingénieur Xavier Cor travaille d’arrache pied pour finaliser le projet d’adduction d’eau au centre pédiatrique Persis du Dr Zala. Nos dossiers de demandes de subvention seront prêts à être présentés avant la fin de ce mois.
Un grand merci à ceux d’entre vous qui nous ont aidés en 2013 : vos dons ont atteints 11292€, nous laissant une trésorerie disponible de 4238€ en fin d’année. Les promesses de dons pour 2014 s’élèvent déjà à 2230€.
Voici notre budget prévisionnel pour cette année :
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Malnutrition (5 villages + 4 suivis) 2800
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Remboursement micro-crédit atelier - 100
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IPO formation warrantage 800
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IPO irrigation 1000
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Interventions Sougouri, Roger 1000
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Adduction d’eau centre Persis (première estimation) 30000
TOTAL 35500€
Nous pouvons espérer d’obtenir 15000€ de subventions pour l’adduction d’eau du centre Persis. Il nous reste donc à réunir 14000€. C’est un effort important qui permettra à nos amis Burkinabé de continuer à réaliser des miracles.
Je compte une nouvelle fois sur vous pour y contribuer en me faisant parvenir vos dons et en en parlant largement autour de vous.
Je vous rappelle que l’intégralité des dons va aux actions menées au Burkina, car nous n’avons aucun frais de fonctionnement.
Etablissez les chèques au nom de Tabalé – Solidarité France-Afrique qui vous enverra le reçu fiscal vous permettant de récupérer 66% de vos dons en crédit d’impôt sur le revenu.
Merci par avance pour votre aide fidèle,
Amitiés,
Jean Claude Viodé
15, Chemin de Pagnol
13710 - Fuveau